Dans la réalité de l’artiste, pour définir la notion de plasticité dans la peinture, Mark Rothko évoque le voyage auquel l’artiste invite le spectateur dans et autour de la toile. Il ajoute qu’à ne pas l’entreprendre, le spectateur passe à côté de l’expérience essentielle du tableau.
Le voyage dont il est question ici n’est pas celui de la ligne droite, il est celui du cercle. Non pas celui du voyageur tendu vers son point de destination, mais celui que l’enfant répète ravi sur sa balançoire entre les deux points les plus hauts de sa course.
Il en va de la poésie comme des images. A ne pas se préparer au voyage auquel nous convie les mots, nous passons à côté de l’essentiel du texte. Loin de l’impatience du lecteur, amateur d’énigmes, préoccupé du seul dénouement, la poésie invite à l’immobilité du balancement.
Mais sommes-nous capables de rester cet enfant ravi, de se risquer sur d’autres balançoires ?