La photographie est un leurre, dit-on. A cela je ne trouve pas de raisons convaincantes, et cependant c’est vrai. Bien sûr, elle magnifie des instants dont il faut, précisément lorsque le résultat est bon, réduire sensiblement la signification. Dans l’enchaînement du temps, l’instant est ce qu’il y a de plus vil et menteur : donc attention ! Rejeter les didascalies et renoncer à donner du sens, une direction, aux images que le reporter – agent du hasard – nous inocule. Cette civilisation est aphrodisiaque, pensait Bergson, et la photographie est un aphrodisiaque des plus puissants, pas seulement sur le marché du porno.
Guido Ceronetti, Petit enfer de Turin, fario, 2018