Indigo 1
Impression pigmentaire
Indigo 2
Impression pigmentaire
« Non pas l’oeuvre tendue, sourde, monotone autant que la mer qu’on sculpte sans fin – mais des éclats, accordés à l’effervescence de la terre – et qui ouvrent au coeur , par dessus le souci et les affres, une stridence de plages (…) »
Edouard Glissant, Le sang rivé. Poésie/Gallimard, 1983, p.21
« Je ne fais pas de musique pour un public déterminé – l’être humain est un animal musical. Je ne m’adresse pas à vous, je plante un arbre : libre à vous de grimper dessus et d’en manger les fruits, mais vous pouvez aussi passer à côté en parfaite indifférence. Les poètes ne sont pas des rhéteurs: ils disent le monde, c’est à vous de l’entendre »
Propos de Jacques Coursil cité dans dans cet article du site de musiques jazz afro-caribéennes, Le Bananier bleu. (repris ici avec leur aimable autorisation)
Restitution 1
Travail de Victor Anicet
Victor Anicet n’utilise pas le bleu indigo, le bleu de l’esclavage, le bleu colonial, comme il le nomme, mais un bleu qu’il fabrique à partir de baies qu’il ramasse sur son île et fait cuire au bain-marie pour obtenir un autre bleu.
Vidéo. Victor Anicet, céramiste et artiste martiniquais, son travail et sa conception du bleu (vers 13’50 »)
Le bleu : Abîme et trait d’union
Le tray, répétons-le, est inéluctablement lié au bleu. Dans cette juxtaposition du fini du cadre et de l’infini de la couleur océanique, Anicet matérialise l’idée d’un infini contenu. Le cadre, qui restreint en périphérie, ne limite ni en profondeur ni en polysémie. Comme nous l’avons remarqué, les couches de bleus se superposent l’une à l’autre dans un abîme dont le fond ne peut être vu. La définition du bleu ne peut être fixée. Elle désigne à la fois la surface belle, gaie et scintillante de l’océan ainsi que ses profondeurs bleu-nuit travaillées par la mémoire du passage transatlantique et du deuil. Elle marque l’interruption (entre les carrés) et la continuité (en reliant ces mêmes carrés). Le bleu est à la fois l’encre qui écrit et la tache qui recouvre. Anicet utilise la couleur bleue comme une métaphore des cheminements et processus qui caractérisent la formation de cette identité éclatée, c’est-à-dire aux sources multiples.
Extrait du texte, Victor Anicet: le pays Martinique; ou , le bleu de la restitution, Naïma Hachad et Valérie Loichot (disponible sur academia.edu)