Pyrame et Thisbé
Pyrame et Thisbé. Tirage pigmentaire
Pyrame
Pyrame, tirage pigmentaire
Pyrame et Thisbé
…
Sorti plus tard, Pyrame voit, gravées dans la poussière, les traces
Sûres d’une bête sauvage et tout son visage blêmit;
Quand il découvre aussi le tissu maculé de sang, il s’écrie:
Une seule nuit va perdre deux amants!
De nous deux elle était la plus digne d’une longue existence:
Que mon âme est coupable! C’est moi, mon pauvre amour, qui t’ai tuée
pour t’avoir fait venir de nuit dans ces lieux effrayants
Sans y arriver le premier. Mettez ce corps en pièces,
Déchirez cette chair malfaisante de morsures féroces, O vous tous, lions qui peuplez ces rochers!
Mais il est lâche de souhaiter la mort ; Il prend le voile de Thisbé
et l’emporte avec lui à l’ombre de l’arbre convenu ;
…
Ovide, les métamorphoses, livre IV, 105-117, Acte Sud, 2001, traduit du latin et annoté par Danièle Robert.
De la nouveauté
La nouveauté dans la peinture ne consiste pas surtout dans un sujet non encore vu, mais dans la bonne et nouvelle disposition et expression, et ainsi de commun et vieux, le sujet devient singulier et neuf.
Nicolas Poussin, Lettres et propos sur l’art, Hermann Editeur, 1989, collection savoir, p.184
Pyrame et Thisbée
Le torrent des mots frais dans la gorge des murs
creuse une image rouge aux portées de leurs voix
du chant pur de l’instant trace la danse blanche
et leurs fronts se délient des miroirs accablants
Mais les paroles vraies aux écorces des tours
mots iconoclastes des pierres de Babel
coagulent les pleurs cicatrices des rêves
griffés de vains désirs commissures ultimes
Les racines mûrier découvrent les paupières
d’argile des amants aux jardins bafoués
inscrivent des veines bleues au sang de la fontaine
Babylone violée par des temples guerriers
Aux voiles de mûres encrées calligraphie
le roseau d’une branche un tournoiement de ciel
d’une frappe improvise en des planches de chairs
la dabké des amants un tourbillon de noces
Le torrent des mots frais dans la gorge des murs
creuse une image rouge aux portées de leurs voix
du chant pur de l’instant trace la danse blanche
et les fronts se délient des miroirs accablants
C. Broise, extrait du recueil Dé-calques. Reproduction interdite